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VOYAGE DANS LES MOTS II

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31 janvier 2011

LES MOTS

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J' ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait ...

Les mots     Jean-Paul SARTRE

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31 janvier 2011

L'AMITIE AMOUREUSE

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Il arrive parfois, que l’âme et le cœur de deux êtres chantent à l’unisson. Lorsque nous parlons d’amitié, nous entendons affection. Je suis surprise par ce mot capable de contenir le pire comme le meilleur. De l’affection naît la tendresse. Elle est tendre et je tends vers l’amour, avec le temps, en douceur.

Ce sentiment est une lumière, car il éclaire tous les coins sombres où se réfugie parfois l’amour exclusif, l’amour qui prend, l’amour qui demande sans trêve, toujours plus.

L’amitié amoureuse respecte l’espace de l’autre. Elle garantie l’indépendance de chacun tout en permettant l’échange de regards, de mots, de gestes.

Le respect et la confiance absolue permettent l’abandon nécessaire à ce partage.

C’est un amour qui transcende le désir, parce qu’il ne se limite pas à la faim d’un corps, d’une peau, il est plus exigent, il englobe l’être dans son entité.

Il est altruisme.

31 janvier 2011

L'EAU

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Pour un esprit, venu d'ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l'eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L'eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l'évanouissement et de l'inexistence qu'elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu'elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l'ombre et le sable. Le cadran solaire, le sablier, la clepsydre jettent un pont entre le temps et la matière impalpable de l'ombre, du sable et de l'eau. Plus solide que l'ombre, plus subtile que le sable, l'eau n'a ni odeur, ni saveur, ni couleur, ni forme. Elle n'a pas de taille. Elle n'a pas de goût. Elle a toujours tendance à s'en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant. Elle n'est pas ce qu'on peut imaginer de plus proche du néant: l'ombre, bien sûr, mais aussi l'air sont plus si l'on ose dire - inexistants que l'eau.

Ce qu'il y a de merveilleux dans l'eau, c'est qu'elle est un peu là, et même beaucoup, mais avec une délicatesse de sentiment assez rare, avec une exquise discrétion. Un peu à la façon de l'intelligence chez les hommes, elle s'adapte à tout et à n'importe quoi. Elle prend la forme que vous voulez : elle est carrée dans un bassin, elle est oblongue dans un canal, elle est ronde dans un puits ou dans une casserole. Elle est bleue, verte ou noire, ou parfois turquoise ou moirée, ou tout à fait transparente et déjà presque absente. Elle est chaude ou froide, à la température du corps, ou bouillante jusqu'à s'évaporer, ou déjà sur le point de geler et de se changer en glace. Tantôt vous l'avalez et l'eau est dans votre corps; et tantôt vous vous plongez en elle et c'est votre corps qui est dans l'eau. Elle dort, elle bouge, elle change, elle court avec les ruisseaux, elle gronde dans les torrents, elle s'étale dans les lacs ou dans les océans et des vagues la font frémir, la tempête la bouleverse, des courants la parcourent, elle rugit et se calme. Elle est à l'image des sentiments et des passions de l'âme.

Ce serait une erreur que de prêter à l'eau, à cause de sa finesse et de sa transparence, une fragilité dont elle est loin. Rien de plus résistant que cette eau si docile et toujours si prête à s'évanouir. Là où les outils les plus puissants ne parviennent pas à atteindre, elle pénètre sans difficulté. Elle use les roches les plus dures. Elle creuse les vallées, elle isole les pierres témoins, elle transforme en îles des châteaux et des régions entières.

Elle est douce, fraîche, légère, lustrale, bénite, quotidienne, de vie, de rose, de fleur d'oranger, de cour, de toilette ou de table, thermale ou minérale, de Cologne ou de Seltz. Elle peut aussi être lourde, saumâtre, meurtrière et cruelle. Sa puissance est redoutable. Ses colères sont célèbres. Elle porte les navires qui n'existent que par elle, et elle leur inflige des naufrages qui font verser des larmes aux veuves de marins. Lorsqu'elle se présente sous forme de mur, lorsqu'elle s'avance, selon la formule des poètes et des rescapés, à la vitesse d'un cheval au galop, lorsqu'elle s'abat sur les côtes et sur les villes, elle fait surgir du passé les vieilles terreurs ancestrales.

Aussi vieille que la terre, ou plus vieille, plus largement répandue à la surface de la planète, complice des algues, des nénuphars, du plancton et du sel, fière de ses origines, consciente des services qu'elle a rendus à l'homme dont elle a longtemps abrité et nourri les ancêtres, puisque durant trois milliards et demi d'années tout ce qui vit est sous l'eau, elle considère toute matière autre qu'elle-même avec une sorte de dédain. Comme la lumière, elle est nécessaire à la vie. Supprimez l'eau, c'est le désert, la ruine, la fin de tout, la mort. II n'y a pas d'eau sur la Lune. Aussi peut-on assurer que ses paysages sont lunaires.

Jean d'Ormesson©

31 janvier 2011

LE TOUCHER

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Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches.
Voilé comme une femme, évoquant l’autrefois,
Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts
Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.

Mes doigts ingénieux s’attardent aux frissons
De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale…
L’art du toucher, complexe et curieux, égale
Les rêves des parfums, le miracle des sons.

Je suis avec lenteur le contour de tes hanches,
Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés.
Mon désir délicat se refuse aux baisers ;
Il effleure et se pâme en des voluptés blanches.

 (Évocations, 1903)

31 janvier 2011

LES SEPARES

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N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !

N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas !

N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur.
N'écris pas !

Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)
(Recueil : Poésies inédites)

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31 janvier 2011

LES DEUX AMITIES

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Il est deux Amitiés comme il est deux Amours.
L'une ressemble à l'imprudence ;
Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance,
C'est une enfant qui rit toujours.
Bruyante, naïve, légère,
Elle éclate en transports joyeux.
Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
Elle confond les rangs et folâtre avec eux.
L'instinct du coeur est sa science,
Et son guide est la confiance.
L'enfance ne sait point haïr ;
Elle ignore qu'on peut trahir.
Si l'ennui dans ses yeux (on l'éprouve à tout âge)
Fait rouler quelques pleurs,
L'Amitié les arrête, et couvre ce nuage
D'un nuage de fleurs.
On la voit s'élancer près de l'enfant qu'elle aime,
Caresser la douleur sans la comprendre encor,
Lui jeter des bouquets moins riants qu'elle-même,
L'obliger à la fuite et reprendre l'essor.
C'est elle, ô ma première amie !
Dont la chaîne s'étend pour nous unir toujours.
Elle embellit par toi l'aurore de ma vie,
Elle en doit embellir encor les derniers jours.
Oh ! que son empire est aimable !
Qu'il répand un charme ineffable
Sur la jeunesse et l'avenir,
Ce doux reflet du souvenir !
Ce rêve pur de notre enfance
En a prolongé l'innocence ;
L'Amour, le temps, l'absence, le malheur,
Semblent le respecter dans le fond de mon coeur.
Il traverse avec nous la saison des orages,
Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous luit :
C'est, ma chère, un jour sans nuages
Qui prépare une douce nuit.

L'autre Amitié, plus grave, plus austère,
Se donne avec lenteur, choisit avec mystère ;
Elle observe en silence et craint de s'avancer ;
Elle écarte les fleurs, de peur de s'y blesser.
Choisissant la raison pour conseil et pour guide,
Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas :
Son abord est craintif, son regard est timide ;
Elle attend, et ne prévient pas.

In Elégies

31 janvier 2011

Aphorismes sur la sagesse de la vie

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L'homme intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute tracasserie et à trouver le repos et les loisirs ; il recherchera donc une vie tranquille, modeste, abritée autant que possible contre les importuns ; après avoir entretenu pendant quelque temps des relations avec ce que l'on appelle les hommes, il préférera une existence retirée, et, si c'est un esprit tout à fait supérieur, il choisira la solitude. Car plus un homme possède en lui-même, moins il a besoin du monde extérieur et moins les autres peuvent lui être utiles. Aussi la supériorité de l'intelligence conduit-elle à l'insociabilité. Ah ! si la qualité de la société pouvait être remplacer par la quantité, cela vaudrait alors la peine de vivre même dans le grand monde : mais, hélas ! cent fous mis en un tas ne font pas encore un homme raisonnable. - L'individu placé à l'extrême opposé, dès que le besoin lui donne le temps de reprendre haleine, cherchera à tout prix des passe-temps et de la société ; il s'accommodera de tout, ne fuyant rien tant que lui-même. C'est dans la solitude, là où chacun est réduit à ses propres ressources, que se montre ce qu'il a par lui-même ; là, l'imbécile, sous la pourpre, soupire écrasé par le fardeau éternel de sa misérable individualité, pendant que l'homme hautement doué, peuple et anime de ses pensées la contrée la plus déserte. Sénèque (Ep. 9) a dit avec raison : « omnis stultitia laborat fastidio sui (La sottise se déplaît à elle-même) » ; de même Jésus, fils de Sirach : « La vie du fou est pire que la mort. » Aussi, voit-on en somme que tout individu est d'autant plus sociable qu'il est plus pauvre d'esprit et, en général, plus vulgaire. Car dans le monde on n'a guère le choix qu'entre l'isolement et la communauté.

Extrait de Aphorismes sur la sagesse de la vie

Arthur SCHOPENHAUER

28 janvier 2011

ELLE

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Avez-vous déjà vu si belle figure de proue?
Fière, courageuse et sure à l'étrave elle veille
L'écume qui la fouette teinte de pourpre ses joues
Et devant elle les sirènes s'inclinent et s'émerveillent.

L'océan s'est allié pour lui faire parure
D'algues il a orné sa blonde chevelure
De coquilles et de nacres il a couvert son corps
Comme dans une boite on mettrait un trésor

Et je l'ai vu soudain paraître devant moi
Elle a remplit mon coeur et épousé mon âme
Sans elle m'a vie n'est rien que tristesses et larmes

J'aimerais être ses îles où elle se cache parfois
Etre l'eau qui caresse, qui étreint, qui déploit
Des trésors de tendresse et d'amour à la fois

Laisse moi, mon Amour, reposer dans le creu de tes bras

28 janvier 2011

LE SEUIL DE MON ÂME

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Sur le seuil de mon âme
Où ma mémoire existe
Il y a une flamme
Un amour qui persiste


Tu es le code, la clef
Avance toi d’un pas
Vers mon jardin secret
Je t’ouvrirai mes bras

Toi qui viens de si loin,
Avec l’âme chagrine
Et tes yeux porcelaines
Emplis d’encre marine

Mon cœur battra pour deux
Et prés de toi, fidèle
Pour te sortir des feux
J’te prendrai sur mes ailes


Nous volerons très haut
Tout au milieu du ciel
Loin des maux, des corbeaux
Entre terre et soleil


Toi qui viens de si loin,
Avec l’âme chagrine
Et tes yeux porcelaines
Emplis d’encre marine

Nous volerons très haut…
Nous volerons très haut…

28 janvier 2011

TENDRESSE

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Les persiennes des volets laissaient filtrer quelques rayons de lumière, qui éclairaient son corps, nu.
Elle gisait calmement, dans la chaleur amoureuse des draps, bercée, par les mains gourmandes de caresses.
Abandonnée, vide de toute tension, elle offrait son corps au regard de cette femme.
Elle sourit, un de ces sourires gorgés de tendresse et d’amour, elle ne pouvait pas la quitter des yeux. Pour cet instant, ce bref instant, elle lui appartenait, elle ressentit une brûlure, comme si cette image d’elle se gravait au feu en elle.
Elle eut une certitude, soudain, dans sa chair, dans son cœur, dans son âme, personne et rien ne pourrait jamais lui arracher ce moment de bonheur.
Elle était calme et sereine, elle n’avait plus peur.
Elle observait toujours, son regard était impudique, au-delà de l’intimité.
Elle s’obligeait à la fixer des yeux, s’interdisant de toucher ce corps pourtant offert. C’était un moment si doux, si tendre, elle apprenait son corps, par cœur.
Simplement…elle l’aimait…

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